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La famille des luths pendant le 16e siècle


Michael Praetorius (Syntagma Musicum 1616/1618) nous décrit six tailles de luth, dont on peut penser que les longueurs de corde vibrante sont comprises entre 90 cm pour le plus grand et 30 cm pour le plus petit : petit luth à l’octave (kleine octavlaute); petit dessus de luth (kleine Diskantlaute); dessus de luth (Discant laute); luth alto (reicht Chorist oder altlaute); luth ténor (tenor laute); luth basse (bass laute); luth contre-basse (Gross octav bass laute).


L’accord utilisé pendant toute la Renaissance jusqu’à la fin du XVIe siècle est un accord de quatre quartes avec une tierce au milieu, soit pour un luth en sol (ténor) :




Archiluths _
Les chœurs graves étaient souvent doublés à l’octave, y compris le 4e , car les cordes épaisses en boyau ont une sonorité assez sourde. A partir des années 1580 on commence à ajouter des chœurs dans le grave, et ce jusque vers 1600 où les luth ont souvent dix chœurs. L’augmentation continuera jusqu’au quatorzième chœurs avec les archiluths dont les basses pouvaient alors être simples ou doublées à l’octave selon la longueur de cordes du grand jeu.



Luth à sept chœurs de Jacob Hes, Venise 1586
(dépôt du Musée des Arts décoratif au Musée de la musique


LE LUTH AUX XVIIe ET XVIIle SIECLES

L’accord des luths se transforme dans les premières années du XVIIe siècle, période à laquelle le luth passe de dix à onze chœurs et l'accord passe en “Ré mineur”.

Aux alentours de 1720, on adoptera en Allemagne, deux nouveaux chœurs, ce qui portera le nombre à treize.







EVOLUTION ET TYPOLOGIE

La famille des luths se caractérise par une évolution permanente, qui a donné lieu à plusieurs types d’instruments distincts. Certains d’entre eux furent utilisés simultanément, comme par exemple le luth français à onze chœurs et le théorbe. Mais jamais nos ancêtres ne considérèrent comme des types distincts le luth à sept chœurs, le luth à dix chœurs et le luth à onze choeurs. C’est nous qui avons fait de ces derniers des entités distinctes alors qu’autrefois n’existait, si l’on peut dire que « le luth du jour ». Par ailleurs, ces mêmes ancêtres des XVIIe et XVIIIe siècles étaient loin d’être unanimes sur la définition des différents types de luths existant. Il est essentiel de comprendre qu’à une même époque il a pu exister des différences sensibles entre les instruments d’un même type dans les différents pays où on les pratiquait.
Pour résumer, on a donc une variabilité liée à l’axe historique et une autre liée à l’axe géographique (peut-être même, dans un même pays, aux différentes régions). On peut cependant retenir que “chitarrone” et “tiorba” désignent, en Italie, où ces termes firent leur apparition, le même instrument, et que l’archiluth se distingue du théorbe par sa taille et son accord. Il est plus intéressant de prendre le problème de plus haut et d’essayer de comprendre à quoi correspond l’apparition de ces “dérivés du luth”.
Autrefois, le luth n’était monté que de cordes de boyau : leur rendement est bon dans l’aigu mais moins bon dans le grave. Ce n’est pas gênant quand le luth est seul à jouer, cela le devient lorsqu’il se joint à d’autres instruments qui risquent de couvrir ses graves. Les musiciens et les luthiers que cet état de chose gênait de plus en plus, mirent au point des luths dont les cordes graves étaient plus longues que les cordes aiguës, d’où des basses au son plus clair et plus puissant. Après avoir essayé d’allonger la caisse du luth, ce qui rendait le jeu malcommode, on décida à donner une extension au cheviller, solution satisfaisante pour la technique de l’instrument, et qui fut rapidement adoptée. L’avantage consistait à étendre l’ambitus des instrument d’environ une octave et d’avoir en même temps des basses au son cuivré et puissant. Ces instruments comportent alors un « petit jeu » de six ou sept chœurs qui sont pincés par la main gauche et un « grand jeu » où les chœurs peuvent être simples (les théorbes) ou doublés à l’octave (pour les petits archiluths). On trouva dès le milieu du XVIIe siècle différentes tailles de luths munis de doubles chevillers : l’archiluth correspondant au registre aigu ( trois ou quatre tailles), le théorbe au registre grave (deux à trois tailles), tandis que continuent d’être utilisés principalement pour le solo, les luths avec traditionnel cheviller renversé en arrière.


L’ARCHILUTH:

D’assez petite taille, accordé comme le luth Renaissance (en quarte et tierce), avec un registre grave d’une octave (voir l’accord Renaissance ci-dessus)



Luth, archiluth et théorbe reproduit à la même échelle dans Praetorius,

Syntagma Musicum, 1616



LE THÉORBE:


Plus grand et même très grand, avec un accord spécial (en quarte et tierce) avec les deux premières cordes baissées d’une octave :




Théorbe de Wendelio Venere, Padoue, 1611,
Kunsthistorisches Museum, Vienne



Un texte du XVIIIe siècle (Ms. Talbot) nous indique qu’il existait un théorbe pour jouer les pièces solo (probablement accordé en ré), et un plus grand pour l’accompagnement (en la).

A propos de l’invention de l’archiluth et du théorbe on pourra lire les « Instructions » de Alessandro Piccinini (livre de luth de 1623) publiées en français dans le bulletin Tablature de la Société Française de Luth.





Nomenclature des luths dans le manuscrit Talbot (c. 1704)


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